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Christophe Aribert, l'écologie à l'âme

Le 16 septembre 2020

Ce fut un premier passage émouvant sur la Grande Scène d'Omnivore pour Christophe Aribert. Le chef d'Uriage a partagé avec ferveur sa cuisine responsable et pleine de sens auprès du public. 

Ce fut un premier passage émouvant sur la Grande Scène d'Omnivore pour Christophe Aribert. Le chef d'Uriage a partagé avec ferveur sa cuisine responsable et pleine de sens auprès du public. 

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C’est un premier passage pour vous sur la Grande Scène d’Omnivore, dans un contexte particulier. Quelles ont été vos premières émotions ?

Il s’agit de ma première fois, et je suis très heureux. J’ai ressenti de très bonnes vibrations, celles qui permettent de transmettre mon message, d’être dans ce mouvement, de communiquer, de dire qui on est, ce qu’on fait et pourquoi. Je sens qu’il y a une écoute, une attente de la part des gens, on rencontre son époque. C’est ce que je ressens dans l’énergie actuelle. 

Au milieu de cette période, c’était l’heure de l’introspection, pour vous ?

C’était un moment de repos, j’ai cuisiné pour le personnel soignant, je me suis rendu à l’hôpital de Grenoble, fait mon jardin. J’ai continué de penser à ma cuisine, la simplifier, la rendre plus évidente, simple et plus compréhensible à travers ces valeurs. 

Beaucoup de chefs ont pris le parti de resserrer leurs engagements, pousser la réflexion, que ce soit l’éco responsabilité, la santé des gens.

Il s’agit de se rendre compte des biens de première nécessité. Aujourd’hui, on se doit de réaliser combien il est important de bien se nourrir tous les jours, ces crises sanitaires permettent de prendre conscience que nous sommes dans un moment critique, il est temps de prendre en main notre alimentation que nous avons confiée aux industriels. C’est une erreur absolue. 



Le constat demeure, la restauration reste un écosystème très fragile, du producteur au chef, que manque-t-il actuellement pour la fortifier ?

Il faut replacer l’humain au centre de l’échiquier. Nous évoluons dans un système capitaliste où l’argent fait foi, tant que l’humain ne revient pas au centre, le système sera fragile, la Covid-19 nous l’a prouvé, il peut s’écrouler du jour au lendemain. Tant que notre alimentation ne revient pas au circuit-court, de saison, tant que nous ne serons pas sur la défense du vivant sur toutes ses formes, nous vivrons d’autres crises comme celle-ci.

Croyez-vous à un changement profond du modèle de restauration, une révolution ou une nouvelle typologie ?

Une révolution peut-être pas mais toujours des évolutions. Je n’aime pas le terme de révolution, qui casse. J’aime que l’on puisse s’appuyer sur le passé, l’histoire, ce que l’on a construit, apprendre de nos erreurs. Il y a un vrai sujet dorénavant : des chefs itinérants, certains qui n’ont pas de lieu propre mais qui cuisinent « dans des » lieux. Ce qui les intéresse, c’est de rester créatifs, de comprendre un territoire, s’en inclure, sans la pression de l’argent. 

Vous avez cette chance de travailler dans les décors de Belledonne, de la Chartreuse, d’Uriage, là où l’éco responsabilité est reine. Le sujet est-il traité différemment par un chef urbain, ou tous les chefs doivent peuvent, doivent s’atteler à cette logique écologique ? 

Uriage est un choix, fort. J’avais des propositions dans le monde entier, pour créer des lieux, travailler à Uriage et défendre ses valeurs c’est très important. Cependant il est primordial que tous les chefs prennent conscience de cette éco responsabilité, du zéro déchet, comment les produits arrivent, comme les traiter, les retraiter, en ville ou en province. Aujourd’hui, être éco responsable ne coûte pas plus cher, c’est beaucoup moins compliqué car d’autres ont défriché le terrain. Tout commence à la cuisine, on peut choisir de l’inox responsable, les matériaux de récupération, comment traiter ses déchets et les solutions existent. Elles sont efficaces, il faut s’imposer cette contrainte. 

Le contexte sanitaire est également menacé par l’hygiénisme, le tout-à-jeter, est-ce une crainte pour vous dans le futur ?

Je crois que l’on inventera de nouvelles manières de transporter, des nouveaux matériaux, des nouveaux métiers, c’est fantastique. Je crois à la prise de conscience globale des gens, notamment sur le plastique. C’est individuellement que l’on prendra conscience que l’on avancera, les mondes politique et industriel suivront. Il faut se persuader que c’est possible. Des initiatives ont également vu le jour comme le Marché Vert, qui tendent vers cela. On a pu mettre en lumière des gens comme nous, qui sommes intimement liés à notre territoire, à ce que nous faisons comme Amélie Darvas, Nadia Sammut… Il y a certes eu une nouvelle frénésie de consommation, dans les supermarchés, en se tournant vers de la nourriture industrielle, je pense que cette frénésie de surconsommation du fait de la contrainte et le monde repensera et fera les choses différemment. J’y crois.  

Maison Aribert
280, ALLÉE DU JEUNE BAYARD – 38410 URIAGE-LES-BAINS