Nouvelle étude sur la résilience alimentaire : Comment Paris se prépare aux crises de demain
Une nouvelle étude de l'Atelier Parisien d'Urbanisme (Apur), réalisée en octobre 2024, met en lumière les défis de la sécurité alimentaire à Paris et les stratégies à adopter pour renforcer sa résilience face aux crises.
En bref
L’étude « Nourrir Paris et la Métropole du Grand Paris » a été commandée pour évaluer la capacité de Paris à nourrir ses habitants en cas de crise majeure. Dans un contexte de raréfaction des ressources, d'augmentation des coûts et d'incertitudes climatiques, cette analyse dresse un tableau détaillé de la chaîne d'approvisionnement alimentaire de la capitale. Paris, qui consomme 3 090 tonnes de nourriture par jour pour ses résidents, ne dispose actuellement que de 5 à 7 jours de réserves alimentaires. Face à cette fragilité, le rapport propose des solutions pour garantir la souveraineté et la sécurité alimentaire, en anticipant des crises futures et en développant des infrastructures de stockage et de production locale.
Ce qu’il faut retenir
• 10 060 tonnes de denrées alimentaires sont nécessaires quotidiennement pour nourrir les 7,1 millions de résidents de la Métropole du Grand Paris.
• 23 millions de repas sont consommés chaque jour dans la métropole.
• Les 3 090 tonnes de denrées nécessaires quotidiennement à Paris dépendent à 95 % du transport routier, exposant la capitale à des vulnérabilités logistiques.
• Paris produit localement moins de 240 tonnes de fruits, légumes et autres produits agricoles par an, une capacité trop faible pour répondre aux besoins alimentaires de la population.
Décryptage et Analyse
Création de "greniers alimentaires" : Pour renforcer la résilience, l’étude préconise la mise en place de « greniers » ou réserves de denrées stratégiques dans des entrepôts de la capitale, garantissant un approvisionnement de base en cas de crise prolongée. Ces réserves incluraient des aliments non périssables, répartis dans plusieurs sites parisiens pour une accessibilité rapide.
Optimisation logistique et circuits alternatifs : Pour limiter la dépendance au transport routier, des circuits fluviaux et ferroviaires pourraient être davantage mobilisés, notamment avec le Port de Gennevilliers et le Marché d’Intérêt National (MIN) de Rungis, qui disposent d'infrastructures adaptées.
Développement de l'agriculture urbaine : L'agriculture en milieu urbain, déjà initiée avec des programmes comme Parisculteurs, doit s'intensifier pour accroître la part de production locale, avec un soutien accru pour les sites de production de fruits, légumes et champignons.
Renforcement de la restauration collective : La restauration collective publique représente un levier stratégique, avec un potentiel d’achats massifs de denrées bio et locales. Le Plan d'Alimentation Durable 2022-2027 vise à garantir 50 % de denrées produites localement.
Cependant, la mise en place de ces solutions pose des défis importants :
Foncier disponible et coûts de stockage : Le stockage à Paris est limité par le coût élevé du foncier et la rareté des sites logistiques adaptés, rendant difficile l'extension des capacités de stockage alimentaires dans la capitale.
Coordination et investissement : Ces initiatives impliquent une coopération accrue entre acteurs publics et privés, notamment pour optimiser les infrastructures existantes comme le MIN de Rungis, et nécessitent des investissements conséquents pour adapter les réseaux logistiques.
Réglementations et sécurité sanitaire : Le stockage à grande échelle de denrées alimentaires doit répondre à des normes strictes en matière de sécurité sanitaire, ce qui augmente la complexité et les coûts logistiques.
Alice Polack