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« Un hurlement de la nature »

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Michel Trama, chef de l’hôtel-restaurant L’Aubergade à Puymirol, reclus en son Lot-et-Garonne, a reparu sur nos radars au hasar

Via son association, les Bouffons de la cuisine, créée pour offrir des repas solidaires aux personnes isolées au moment de Noël, naturellement mobilisée depuis le confinement.

« Le bouffon est celui qui ose dire au roi, avec le sourire, ce qui ne va pas. Il donne et n’attend rien en retour. L’ADN des Bouffons, c’est le partage, la solidarité, la préservation de la nature et se diversité pour les générations futures. »

« Les oubliés des oubliés »

À 74 ans, Michel Trama agit et pense toujours, même s’il admet volontiers sa tardive fibre solidaire : il a eu la « tête dans le guidon » toute sa carrière – « On pense aux toques, on pense aux étoiles, on pense à nos clients, on pense aux produits. On ne pense pas aux autres, par égoïsme. » Et puis, il y a six, sept ans, à l’issue d’un repas organisé pour 100 personnes à Puymirol, « une dame vient [le] voir et [lui] dit : grâce à vous, je repars avec deux amis ». Les invisibles, ces « gens isolés, les oubliés des oubliés », deviennent dès lors visibles aux yeux de Michel Trama.

En 2017, il lance l’association, avec des chefs de renom, mais pas uniquement. « Il n’y a pas besoin de toques et d’étoiles pour avoir du cœur », croit-il devoir préciser.  Les Bouffons de la cuisine proposent depuis les Tables de Noël, un moment convivial et festif au moment des fêtes de fin d’année autour d’un repas gratuit pour les personnes isolées : près de 3 000 couverts servis en 2019.

Avec les Belles gamelles

Avec le confinement lié au Covid-19, Michel Trama et les Bouffons ont surmonté les difficultés à rassembler des bénévoles sans leur faire courir de risque, et sont entrés en action, le 13 avril dernier, en collaboration avec l’association Les Belles Gamelles, qui rassemble plus de trente chefs toulousains qui se relaient pour préparer et livrer un repas complet et de qualité au personnel médical des différents hôpitaux et principaux centres COVID-19 de Toulouse, ainsi qu’auprès de personnes dans le besoin comme les sans domicile fixe et réfugiés : 250 repas pour quatre hôpitaux. Et des repas végétariens à une centaine de réfugiés accueillis dans un hôtel de la ville rose.

Michel Trama et son association veulent faire plus. L’un des écueils pour les semaines à venir : mobiliser des chefs qui eux-mêmes se retrouvent en grande difficulté. Mais Michel Trama pense à « tous ces gens qui sont dans la misère… Il pressent que les conséquences sociales de la crise du Covid-19 seront dures.

Croquer dans l’optimisme

La crise sociale se double d’une crise écologique, ou l’inverse, c’est selon. Pour lui, ce qui déroule sous nos yeux, c’est un « hurlement de la nature ». Il milite pour une « révolution écologique ».  Dès 1991, il avait souhaité créer une école du goût dans son Lot-et-Garonne natal. Dans le sillage de son ami le philosophe Michel Serres, originaire du département comme lui, il s’était fait le chantre de ce qui deviendra le bio. « Avec la notoriété que j’avais à l’époque, je regrette de ne pas avoir alerté beaucoup plus fort. »

Ce bio érigé en modèle est loin d’être la panacée : Michel Trama parle de ces terres exsangues en potassium et oligo-éléments, de cette eau de pluie et de ces nappes phréatiques polluées… Il se dit inquiet pour l’avenir. Mais dans la seconde suivante, il susurre : « Comme le dit mon ami Michel Guérard, il faut croquer dans l’optimisme ».
 

Quentin Guillon

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