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Shu Zhang Pandobac, à fond la caisse

Le 10 juillet 2025

Après l’ouverture en 2014 de son restaurant Maguey, un concept original fondé sur un menu «surprise», Shu Zhang, ingénieure en génie industriel et logistique, s’est vite aperçue du manque de solutions en termes d’emballages. C’est pour cela qu’elle a créé Pandobac.

Après l’ouverture en 2014 de son restaurant Maguey, un concept original fondé sur un menu «surprise», Shu Zhang, ingénieure en génie industriel et logistique, s’est vite aperçue du manque de solutions en termes d’emballages. C’est pour cela qu’elle a créé Pandobac.

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Interview précédente

Après quatre années d’exploitation, face à la quantité de déchets générés par son restaurant, Shu Zhang ressent le besoin d’avoir un impact environnemental et social plus positif. Elle s’interroge alors sur l’usage systématique d’emballages à usage unique dans la restauration. En échangeant avec ses fournisseurs, elle constate qu’aucune solution concrète n’a encore été développée. Elle imagine alors une alternative: proposer des emballages réemployables.

Identifiant unique

Avant le lancement du service en 2019, l’équipe évalue les besoins de l’activité, notamment la traçabilité des caisses – en perdre une amplifie l’impact environnemental et économique. Pour définir les types de caisses les plus adaptés, les associés réalisent un benchmarking, s’appuyant sur des modèles déjà utilisés pour les fruits et légumes ou encore pour la marée, où les caisses en polystyrène présentent des propriétés isothermes intéressantes. Chaque caisse est dotée d’un identifiant unique, permettant à Pandobac de suivre ses mouvements et les niveaux de stock. Chaque client est informé mensuellement du volume utilisé, du nombre de jours de stockage, de la localisation et du taux de perte global.

100 000

«J’avais mon restaurant, relate Shu Zhang. Mes fournisseurs ont été, logiquement, les premières personnes que j’ai démarchées. C’est ainsi que notre premier client fruits et légumes à Rungis a vu le jour». Aujourd’hui, la flotte de caisses atteint les 100 000 unités, réparties entre une cinquantaine de clients, dont la moitié en Île-de-France. Le reste de l’activité se concentre dans les principales zones industrielles: le sud de la France, la région lyonnaise, l’est et la Bretagne pour le secteur de la marée.

Transgourmet, relation forte

La coopération entre Pandobac et Transgourmet a démarré très tôt. «Avant même que le centre de lavage ne soit opérationnel. Et lorsque notre activité a démarré, en 2019, notre collaboration a débuté d’abord sur la partie marée», explique Shu Zhang. Une relation que la cofondatrice décrit comme «très forte, car ils nous ont aidés à nous lancer en nous accordant immédiatement leur confiance». Transgourmet reste fidèle à Pandobac et figure aujourd’hui parmi ses clients les plus importants, avec de nombreux projets en cours de développement. Un test est ainsi en cours via l’atelier Transgourmet Seafood à Rungis, avec un déploiement des caisses vers le site de Transgourmet Ouest à Carquefou, en Loire-Atlantique. Les caisses sont ensuite acheminées vers les clients de la grande région nantaise. Il s’agit d’une première pour Pandobac : la société assure ainsi la livraison entre deux entités Transgourmet, alors qu’auparavant, elle ne gérait que les flux entre Transgourmet et ses clients. Grâce à ce nouvel intermédiaire, Pandobac va pouvoir déployer ce service depuis Rungis vers d’autres établissements, et potentiellement vers l’ensemble des sites Transgourmet dans toute la France.

Autre projet d’envergure: l’ouverture prochaine d’un nouvel atelier Transgourmet Seafood de découpe de poissons à Strasbourg. Pandobac y assurera les livraisons en caisses, aussi bien de poissons entiers que filetés, dès le lancement de l’activité.

ONE CAISSE

Projet majeur en cours : l’intégration de Pandobac dans l’ERP (Enterprise Resource Planning) de Transgourmet – un logiciel permettant de gérer l’ensemble des processus opérationnels afin de gagner en efficacité. Autant dire une avancée significative, levant l’un des freins principaux à l’extension du service de caisses réemployables à toute la partie «détail». En effet, Transgourmet propose à ses clients un service unique très spécifique: tous les produits livrés en une seule livraison. Cela implique des caisses mixtes regroupant des produits de toutes les familles de produits. «L’idée est de proposer à un restaurant de recevoir, dans une seule caisse, de la crèmerie, de la viande, des produits d’hygiène, des légumes et de l’épicerie, évitant ainsi de faire appel à plusieurs fournisseurs, avec un gain de temps considérable», explique Shu Zhang.

 


AGEC
En 2018, à la création de Pandobac, la loi AGEC (la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) n’est pas encore entrée en vigueur, et la transition vers le réemploi ne va pas de soi. Pandobac se lance après un test grandeur nature est mené afin de vérifier l’appétence du service, tant du côté des restaurateurs que des fournisseurs.

MEGA LAVERIE

Avant Pandobac, il n’existait aucune laverie d’emballages dans le marché de Rungis. Pourtant crucial pour optimiser les coûts logistiques et se rapprocher des fournisseurs. Pandobac conçoit sa propre centrale de lavage: une zone de 150m² capable de traiter 4 000 caisses par jour. Puis, grâce à une nouvelle machine plus économe en eau, la surface est portée à 250m² alors que la capacité de traitement est multipliée par cinq.

MODE D’EMPLOI

«On ne démarre jamais avec 100% de leurs volumes. On ne passe pas du tout-jetable au tout-réemployable du jour au lendemain». L’implémentation débute sur un périmètre restreint, accompagné d’un plan de progression, le client doit être convaincu avant de généraliser la solution.

Par Christophe Jeanjoseph

Photos par DR