Les influenceuses food font leur show
A l’heure ou Instagram regorge de profils orientés food, trois créatrices de contenu cartonnent grâce à une image décalée et un ton « fun », transformant leurs recettes en véritables petits spectacles.
A l’heure ou Instagram regorge de profils orientés food, trois créatrices de contenu cartonnent grâce à une image décalée et un ton « fun », transformant leurs recettes en véritables petits spectacles.
Jean-Pierre Boffe (65 000 abonnés Instagram)
Elle a toujours l’air saoulée, parle d’une voix monocorde, n’a jamais divulgué son nom civil, manie un humour très second degré – et c’est précisément pour cela qu’on adore « Jean-Pierre Boffe ». Elle doit s’y connaître un minimum en cuisine, car ses mini-brioches perdues aux herbes et aux langoustines sont aussi belles que sophistiquées. En ce moment, JPB partage toute une série de recettes consacrées aux « French classics » : toasts de tartare au couteau, pâtes sauce bisque, soupe à l’oignon… On sait simplement qu’elle vit dans le bouillonnant quartier de Ménilmontant, à Paris, et qu’elle a choisi ce pseudo en clin d’œil au célèbre critique gastronomique Jean-Pierre Coffe (1938-2016). Ce que l’on apprécie également chez elle, c’est sa transparence, même sous couvert de blagues : « Attention, devinez : qu’est-ce qui vole et qui n’a pas d’ailes ? Ben c’est moi, parce que j’ai volé une recette », lance-t-elle en voix off avant de préciser que sa saucisse-purée demi-glace est librement inspirée du restaurant Gargantua. Monoprix vient de faire appel à elle pour une collaboration avec un fromager, lui aussi influenceur. Et n’oubliez pas, comme l’annonce sa bio Instagram : « Un jour c’est bon, un jour c’est bof ».
Lauren De Gaudenzi, alias Lauren Bouffe (76 000 abonnés Instagram)
Reine de l’absurde et de l’hyper-naïveté, elle est capable de poser des pommes sur un radiateur pour en faire une compote ou d’avaler les restes coincés dans son évier… Dit comme ça, c’est un peu étrange, mais Lauren De Gaudenzi, 32 ans, est suffisamment talentueuse pour nous faire sourire avec ses pastilles aux effets vidéo délicieusement rétro. Diplômée de Sciences Po Grenoble, puis d’un prestigieux master en communication et stratégie de marque à l’ESSEC, elle s’y connaît dans l’art de raconter des histoires. Pendant qu’elle chantonne et prend des accents improbables, elle prépare devant nous des recettes souvent réconfortantes (petit-déj façon Kinder Maxi) – et tant pis si elles sont parfois moyennement réussies. « Aujourd’hui, je ne sais pas si on est sur une recette ou plutôt sur une vidéo d’appel à l’aide », plaisante-t-elle, alors que des distributeurs tels qu’Auchan ou Netto ont déjà fait appel à ses services.
Sandy Ramier, alias La Grande Bouffe (562 000 abonnés Instagram)
C’est la star de cette sélection. Cette jeune femme aux cheveux blancs et argentés est une machine à punchlines, décrite par l’émission C l’hebdo (France 5) comme « un mélange de Maïté et de Florence Foresti ». Florilège : « On a l’impression d’aller chez le notaire quand on lit une recette de cuisine » ; « Je crois que les gnocchis maison, c’est vraiment mon ex toxique : à chaque fois je me dis “Oh, trop bien, je vais faire mes gnocchis maison”, et une fois les mains dedans, je me rappelle à quel point c’est chiant » ; « Là, la tête de ma mère, j’ai failli perdre un doigt – Dieu merci, je suis une personne extrêmement superficielle avec de faux ongles », balance-t-elle en éminçant un oignon. Ou encore : « On ajoute du concentré de tomate pour la concentration, de la harissa pour la harillance ». Pour finir, « N’hésitez pas à offrir un bouquet garni plutôt qu’un bouquet de roses : offrir des roses, ça veut dire “Je t’aime”, alors qu’offrir un bouquet garni, ça veut dire “Je te trouve mijotable” ». Le mauvais goût est souvent assumé sur sa page, et on adore ça – nous ne sommes pas les seuls : les éditions Stock ont publié en mars dernier son premier livre, La Grande Bouffe : Les recettes pour apprendre à cuisiner en se marrant (19,95 €), et les marques se l’arrachent pour qu’elle parle de leurs produits (sauces piquantes Martin, Interfel, services à domicile Wecasa…). Pour la petite histoire, Sandy est autodidacte : « Je n’ai jamais vu personne de ma famille cuisiner et je n’ai jamais cuisiné avec quelqu’un de ma famille. Durant mon enfance, on mangeait surtout des plats surgelés et des boîtes de conserve », confiait-elle au magazine M le magazine du Monde. C’est pendant le confinement, après une rupture conventionnelle, qu’elle a décidé de se mettre aux fourneaux.
Par Pomélo