Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility « La vigne, c'est plus de 20% de pesticides en France » | Sirha Food
Thomas Lemasle :

« La vigne, c'est plus de 20% de pesticides en France »

Le 05 octobre 2020

Après avoir levé à l’été 2020 plus de 2,5 millions d’euros, la start-up lyonnaise Oé s'affirme pour faire vivre un vin plus libre, certifié bio et sans pesticide.

Après avoir levé à l’été 2020 plus de 2,5 millions d’euros, la start-up lyonnaise Oé s'affirme pour faire vivre un vin plus libre, certifié bio et sans pesticide.

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Oé, c’est la start-up qui grandit depuis 2015. Ses objectifs, promouvoir un autre vin bio, vegan, sans pesticide, conscient et travaillé au plus près grâce à des vignerons engagés. Après s’être fait une renommée en région lyonnaise, Oé s’installe peu à peu à Paris et compte grossir toujours plus. Plus de 11 cuvées référencées, des bouteilles épurées et tendance qui ont su plaire aux points de vente engagés et aux restaurateurs vertueux. Un chantier que beaucoup d'entreprises souhaitent emprunter. Questions à Thomas Lemasle, son fondateur. 

Quel a été le premier constat en amont de la création d’Oé en 2015 ?

Il y en a eu en réalité deux. Le premier était que cela reste complexe d’acheter son vin, tant pour les professionnels que pour les particuliers, car il y a une offre pléthorique et l’on est très vite perdu, notamment dans les supermarchés. Le deuxième constat : la vigne représente 4% de l’agriculture sur notre territoire et c’est aussi 20% des pesticides. Les Français ne le savent pas mais le raisin est le fruit qui reçoit le plus de pesticides et tout cela pose question pour la biodiversité, les consommateurs bien sûr, mais aussi les viticulteurs. 

Après le constat, l’objectif ?

Dès le début, nous avons voulu répondre au deuxième constat rapidement avec une offre zéro pesticide en travaillant avec des vignerons engagés. La plupart d’entre eux mettent en place des actions très concrètes, toujours plus proches de la biodiversité, des nichoirs à chauve-souris ou à mésanges pour produire et recréer un écosystème plus sain par exemple. Nous avons trois moyens pour approcher les vignerons. Nous les contactons au début en fonction des appellations que nous voulons travailler, assez rapidement un bouche à oreille se fait dans le monde engagé et bio, nous les rencontrons aussi sur salons ou via notre site pour des collaborations. Nous sommes en échange constant, on se rend sur site, on essaie aussi de les amener vers les bonnes pratiques. Nous n’empiétons pas sur leur expertise, nous essayons simplement de confronter de manière bienveillante.


Le milieu viticole est-il complexe à convertir au zéro déchet, à l’écoresponsabilité ?

Nous travaillons déjà avec des vignerons qui ont les pieds dans la terre, sensibles à ces questions. Ils voient leur vigne, la connaisse, savent ce dont elle a besoin. Concernant les questions liées aux énergies renouvelables, au zéro déchet, il n’y a pas forcément le savoir-faire mais tous sont preneurs. 

Vous avez introduit chez nous le système de consignes pour bouteilles, déjà très répandu dans les pays du Nord. Pouvez-vous expliquer précisément l’impact d'une réutilisation de bouteille* ?

Cela a été difficile à mettre en place, le monde du vin tourne grâce à des process extrêmement rodés, ancrés, des acteurs du secteur nous ont affirmé que nous faisions fausse route. Il y a deux grands aspects, écologique, le plus évident, et social, qui n’est pas négligeable. Le réemploi d’une bouteille représente 79% de gaz à effet de serre en moins, 80% d’énergie en moins et 33% d’eau en moins. Une bouteille de la métropole de Lyon jetée pour recyclage coûte 5 centimes à la collectivité. Plus la consigne sera développée, plus ces sommes seront réorientées vers d’autres projets.

* Oé met en place une consigne à 50 centimes et le client peut rapporter sa bouteille, qui peut être réemployée 50 fois.


Hannah Benayoun