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Tacos au Sushi : la caricature de la cuisine « fusion » ?

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Par Jean-Pierre Montanay

Le sushi tacos ? Cette insolite union latino-japonaise, née aux Etats-Unis, berceau des « mariages forcés » en matière de cuisine fusion, débarque timidement en France. 

J’ai donc osé franchir le pas, en testant, chez l’enseigne Tanori, cet objet culinaire hybride qui se décline en plusieurs recettes à base de thon cuit, d’anguille grillée, de crabe frit ou encore de poulet pané. J’ai opté pour le « tacos sake », le plus classique, au tartare de saumon, riz, avocat, radis blanc, œufs de poisson et sauce gelée ponzu. Pour être précis, le tacos n’est pas à base de farine de maïs, il s’agit juste d’une algue frite qui sert d’enveloppe au tartare de saumon. Au moment du bilan gustatif, rien d’extraordinaire ni d’inoubliable à retenir. Le résultat est juste convenable même si la promesse est trompeuse : les influences mexicaines sont en fait totalement absentes, mais surtout, une fois la dernière bouchée avalée, se pose la question : mais à quoi bon ?  Dans la lignée des Ramen Burgers où les nouilles remplacent les buns, des pizzas au foie gras ou encore des naan au Nutella, ce sushi tacos relève davantage de la construction marketing que du complexe mélange réfléchi né d’une géniale créativité. L’innovation et l’audace justifient-elles toutes les cohabitations, tous les mariages de saveurs et de culture ?  

La cuisine fusion, née avec les premiers échanges commerciaux et les épices des Indes ou d’Indonésie ont été les premiers marqueurs de ces métissages. Ils ont bouleversé, il y a des siècles déjà, les goûts classiques des tables occidentales en mariant la pomme à la cannelle, la crème avec la vanille, et plus récemment, le curry aux viandes. Aujourd’hui, il ne faudrait pas que la déferlante planétaire de la « Fusion », sous le prétexte louable de mélanger le meilleur de chaque culture culinaire, se transforme en une quête éperdue et vaine de nouvelles combinaisons gustatives. Au risque d’un résultat, dans l’assiette, qui flirterai avec le grand « n’importe quoi » !