Krousty Sabaïdi, le bol de riz tout sauf dans la sauce
Par Pomélo
(c) Krousty Sabaïdi
Propulsé par un buzz XXL lors de son ouverture parisienne en février 2025, l’enseigne Krousty Sabaïdi a transformé un simple bol de riz au poulet pané en véritable phénomène de fast good, copié bien au-delà du périphérique.
Depuis l’inauguration, en février 2025, du restaurant Krousty Sabaïdi qui a viré à l’émeute (l’enseigne du même nom annonçait 1 000 plats gratuits en partenariat avec l’influenceur Fares Salvatore suivi par près d’un demi-million d’abonnés sur Instagram) dans le quartier de Châtelet à Paris, un simple plat de poulet pané posé sur du riz jasmin et nappé de sauces blanche et aigre-douce s’est retrouvé propulsé très loin du centre de la capitale. “Beaucoup de médias étrangers, turcs, mais aussi du Moyen-Orient ou des États-Unis ont relayé le buzz autour de cette ouverture, que ce soit via des vidéos sur les réseaux sociaux ou même des journaux télévisés !”, résume par téléphone Jérémie Dupuy, directeur développement et opérations de Krousty Sabaïdi. La marque, née dans la banlieue de Bordeaux en 2012, compte aujourd’hui 23 adresses dans l’Hexagone et a attiré la concurrence dont Tasty Crousty, déjà fort de 18 restaurants dans la région parisienne et à Marseille, Lyon, Orléans et Grenoble.
Le succès est tel qu’il est aujourd’hui “impossible de déterminer le nombre d’enseignes et de marques qui se sont mis au Krousti”, reconnaît Jérémie Dupuy. Même des indépendants “qui font des kebabs dans des petits villages ont surfé là-dessus”. On retrouve désormais des “krousty chicken”, “crispy rice bowls” ou “crousti box” dans des vitrines qui n’avaient jamais proposé ce type de plat. Le phénomène rappelle les vagues “tacos lyonnais” ou “smash burger” de ces dernières années : un format simple, réconfortant et duplicable, qui coche les cases réseaux sociaux. Krousty Sabaïdi tient toutefois à rappeler la paternité du produit. “Nous sommes à l’origine du Krousty. On a créé et sublimé le Krousty, on est spécialiste d’un produit, et on n’a pas envie de le détruire avec d’innombrables variations. Un Krousty sucré par exemple, c’est non”, insiste Jérémie Dupuy. Et d’ajouter, sur un autre point sensible : “Ce dont on s’est aperçus, c’est que toutes les enseignes qui nous ont copiés par la suite n’ont pas osé reprendre le mot ‘krousty’ avec la même orthographe puisque c’est une marque déposée, à la fois Krousty et Crousti.”
Chez Krousty Sabaïdi, les 15-25 ans représentent près de 60 % de la fréquentation. Le cœur de l’offre – le Krousty – pèse entre 65 et 70 % des ventes. Pour éviter de se retrouver coincé dans un mono-produit à la mode, l’enseigne maintient toutefois une carte complémentaire qui existait dès le départ : burgers dans une brioche type bao pour les 20-35 ans, woks pour une clientèle un peu plus âgée (35-40 ans). Si le produit plaît, c’est aussi parce qu’il est moins caricatural qu’un fried chicken ultra transformé, plus exotique aussi dans l’esprit malgré la simplicité des produits utilisés. Krousty Sabaïdi détaille son sourcing : riz jasmin triple-A de Thaïlande – « un riz de grande qualité » –, sauce maison sans fromage, à base de yaourt, « peu de produits transformés ». Le poulet, lui, est mariné dans un mélange maison avant d’être pané. “On rêverait de proposer de la volaille origine France mais cela ne nous permet pas de nous aligner sur les prix. Cela dit, on n’utilise que du poulet issu d’Europe : on pourrait s’approvisionner au Brésil, où il coûte moins cher, mais ce n’est pas notre volonté”, affirme Jérémie Dupuy.
Krousty Sabaïdi prévoit un développement à l’étranger dès l’an prochain, avec des ouvertures annoncées au Luxembourg, au Maroc et en Belgique. Un choix géographique cohérent : dans les pays anglo-saxons, le mot “Krousty” n’est “pas forcément très lisible ou compréhensible”, reconnaît-on en interne. En revanche, la marque-mère Sabaïdi – qui signifie “bonjour”, “salut”, “ça va ?” au Laos et dans une partie de la Thaïlande – est plus facile à prononcer pour un public anglophone toujours selon la direction. Reste un point d’attention : la durée de vie de la tendance. Toute la question est de savoir si le Krousty restera un plat de buzz 2025 ou s’il deviendra un standard de la fast good parisienne.