Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility De la terre à l’assiette, lignes éclairantes | Sirha Food

De la terre à l’assiette, lignes éclairantes

Le 23 avril 2023

Quentin Guillon, collaborateur de Sirha Omnivore, publie « De la terre à l’assiette », une (en)quête positive de solutions pour éviter et/ou parer aux pénuries alimentaires.

Quentin Guillon, collaborateur de Sirha Omnivore, publie « De la terre à l’assiette », une (en)quête positive de solutions pour éviter et/ou parer aux pénuries alimentaires.

arrow
Article précédent
Article suivant
arrow

« Un autre possible désirable », dit-il. Voilà ce que l’auteur a trouvé dans le rayon d’action d’Antoine Chépy et de Bianca Muller (soit à plus ou moins 150 km), inspirants « artisans cuisiniers » d’Arotzenia, restaurant associatif d’Urrugne au Pays Basque.
« L’artisan.e est celui qui a un certain panel de savoir-faire, qui est capable de le faire avec ses mains et des outils, qui a une culture. Une machine n’a pas de culture », assène, bonhomme, Antoine Chépy lors d’un des nombreux rendez-vous qui ont ponctué les trois mois d’immersion nécessaires à l’élaboration du petit dernier d’Impacts éditions, qui donne « à voir et à connaître des univers, des réalités inconnues ou mal traitées dans les médias », et qui publie ainsi des livres documentaires qui font le pas de côté rêvé avec l’actualité, pour réfléchir et mieux comprendre le monde.

Tout part d’Arotzenia, en 2022. « Une alternative alimentaire qui promeut le lien entre la production, la transformation et la consommation d’aliments issus de l’agriculture paysanne locale ». Antoine Chépy, la quarantaine cabossée, et sa compagne Bianca Muller, ancienne avocate d’affaires, ont repris et rouvert le restaurant, « lieu nourricier », à l’été 2021, après des expériences passées dans de grands restaurants et une première tentative associative à Hasparren.
Quentin Guillon est journaliste indépendant, jamais aussi fort que quand il est en immersion longue dans ses sujets, parce qu’il tient à comprendre avant d’écrire. En bon coureur de fond qu’il est par ailleurs, il collera aux basques d’Antoine et de son réseau de producteurs et d'agriculteurs d’octobre à décembre 2022, après que l’importante sècheresse estivale et les conséquences du conflit ukrainien ont remis sur la table le plus vieux sujet de l’humanité, l’alimentation, et ce grand questionnement : « combien de temps tiendrait-on sans se taper dessus avec le peu que l’on produit, cuisine et stocke au niveau individuel ; alors qu’environ 70% de notre alimentation provient de grandes surfaces qui ont deux jours de stock ? » 
En 150 pages, douze chapitres et une conclusion, Quentin Guillon est arrivé à écrire au sujet de l’agriculture et de la résistance-souveraineté-sécurité alimentaire une somme qui ne donne pas envie de se pendre, comme c’est hélas le cas pour 2 agriculteurs par jour en France. Tout au contraire.
Jeanne, Laura, les Persillon, Beñat l’éleveur, Mathilde et Clément là-haut, en estive, les Kelton, vignerons, chercheurs, politiques… traversent le livre en proposant ce « possible désirable », même si « rapporté au temps de travail (55 heures semaine), la majorité des agriculteurs se rémunère à un taux horaire inférieur à 70% du Smic ». 

Si nous voulons continuer à travailler avec nos mains, si nous voulons faire travailler plus de gens et plus dignement, notre société actuelle ne peut plus compresser le temps à l’infini. Nous devons replacer la poésie au cœur de nos sociétés. C’est-à-dire l’émerveillement devant la vie. »
Antoine Chépy, artisan cuisinier

En parallèle du récit basque, le livre indique des solutions venues de plus loin, d’autres citoyens et associations, qui dessinent un autre possible – à Mouans-Sartoux, la régie agricole municipale produit 85% des légumes qui alimentent les 6 groupes scolaires et crèches de cette commune des Alpes-Maritimes – et interroge les besoins du territoire et la planification d’une transition alimentaire juste, à rebours du modèle agro-alimentaire productiviste qui a mis à mal la paysannerie et son bon sens naturel. « J'ai trouvé ici du sens à mettre en avant ce qu'ils font, tous », nous confie l’auteur. On plussoie.

Audrey Vacher

De la terre à l’assiette,
de Quentin Guillon, Impacts éditions, 15€ 
 

Inspire more