Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility Mellia, l'intelligence artificielle au service des abeilles | Sirha Food

Mellia, l'intelligence artificielle au service des abeilles

Le 26 avril 2022

L'agence web Open Studio a imaginé un prototype de ruche connectée afin de faciliter le travail des apiculteurs, notamment en limitant les déplacements.

L'agence web Open Studio a imaginé un prototype de ruche connectée afin de faciliter le travail des apiculteurs, notamment en limitant les déplacements.

arrow
Article précédent
Article suivant
arrow

Emmanuel Nurit est directeur d'Open Studio, agence de développement web, fondée il y a maintenant quinze ans. Parmi les divers engagements de la société, l’intelligence artificielle joue un rôle majeur. Mais toujours avec responsabilité. Open Studio s’est emparé du sujet de l’apiculture et a imaginé un prototype de ruche connectée qui permet notamment d’aider les apiculteurs à gérer les ruchers à distance, pour limiter les interventions ainsi que les déplacements, énergivores et chronophages. La particularité de cette ruche connectée, baptisée Mellia, c'est que c'est un prototype certifié open source, ce qui permet à n’importe quel apiculteur de le reproduire sur son exploitation, s’il peut se le permettre et également partager ses données en tant que contributeur auprès d’autres apiculteurs. Explications avec Emmanuel Nurit. 

Pouvez-vous nous décrire Mellia ?

Il s’agit d’un projet assez simple. On part d’une balance connectée, plusieurs capteurs, un thermomètre intérieur et extérieur, un hydromètre, tout cela permet de remonter des données grâce à une carte LoRa*, qui remonte l’évolution du poids ou de la température, etc. Cela permet de savoir à distance si une intervention urgente s'impose. Une ruche, moins on intervient, mieux les abeilles se portent. Forcément on a pu entendre « pourquoi voulez-vous mettre des composants électroniques dans les ruches, cela va les perturber ».

Oui, nous faisons très attention à utiliser des composants à basse puissance, cependant, cela permet de moins les solliciter. La deuxième étape que l’on souhaite mettre en place, c’est grâce à l’intelligence artificielle, détecter des comportements anormaux qui nécessitent une intervention rapide : baisse brutale du poids, de la température… Cela pourra notamment repérer un potentiel essaimage, et récupérer l’essaim en urgence. Pour ce faire, des professionnels rendent visite aux apiculteurs, récoltent des informations sur des événements qui ont pu se passer dans les ruchers, et nous, nous apprenons à l’IA à reconnaître ces événements.  
En outre, un doctorant travaille sur le développement d’une thèse sur un « nez » artificiel. L’idée serait de positionner un capteur qui peut détecter les phéromones dans la ruche, et d'autres choses que l’on ne sait pas lire aujourd’hui, mais que nous pourrons identifier dans le futur, notamment la qualité d’une future reine. Il y a certaines odeurs que l’on a pu détecter et qui permettent de déterminer si la reine sera de qualité.

 

Cette ruche connectée n’a donc pas pour vocation de remplacer l’apiculteur, mais bien de lui permettre de fractionner ses interventions ? 

C’est l’inverse du « techno-solutionnisme », comprendre la technologie qui va venir résoudre tous les problèmes en cours. Oui, cela va apporter à l’apiculteur plusieurs choses : on va faire de la ruche une ruche augmentée, cela va lui permettre de réduire les interventions et surtout les trajets. Nous estimons que 40% des frais émis par les apiculteurs résident dans ses trajets et le transport. Il pourra donc faire une économie certaine grâce à la ruche connectée et se concentrer sur la diversification de son activité : vente, produits transformés, etc. C’est réellement le sujet. 

Malgré la situation catastrophique des abeilles, beaucoup de jeunes actifs aspirent à devenir apiculteurs, le métier ne pâtit pas de la crise. Visez-vous en premier lieu cette nouvelle génération ?

On cible vraiment tout le monde. Le prototype étant téléchargeable, n’importe quel(le) intéressé(e), sensible à la technologie pourra le construire. Si d’autres ne le peuvent pas, nous mettrons à disposition des kits. On s’est également rapprochés d’ESAT**, les ruches y sont souvent fabriquées. Si nous avons besoin d’en fabriquer en séries, nous pourrons également faire appel à eux. C’est encore vertueux, car nous convoquons aussi l’aspect social. Je suis d’accord sur le fait que l’abeille a réellement une belle image, c’est réjouissant de voir que les gens désirent s’occuper d’un rucher, l’abeille est si importante. On aurait pu avoir moins de succès avec la guêpe… L’open source reste très international, ce n’est pas local. Nous avons discuté avec des gens de l’Inria, le but est de faire rayonner ce projet. Dans notre pays, le déclin de l’abeille est très visible. En Chine ou aux Etats-Unis, on pollinise à la main, on déplace des ruches par camions entiers, il n’y a plus d’abeilles, c’est encore plus visible qu’ici. La réponse que l’on veut donner est bien globale.

Propos recueillis par Hannah Benayoun 

* Carte de protocole de communication à bas débit d’objets connectés.
** Les établissements ou services d’aide par le travail (ESAT) (couramment encore appelés « centres d’aide par le travail » ou CAT) sont des établissements médico-sociaux qui relèvent, pour l’essentiel, des dispositions figurant dans le code de l’action sociale et des familles. 

 

Inspire more